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Orange mécanique, plus qu’un film, une date.

by Toilissime on février 14, 2013

ORANGE MECANIQUE. Rien que le titre vous glace le sang. Sans doute un des plus grands chefs-d’oeuvres de l’histoire du septième art. Le film fut réalisé en 1971 par un des maîtres du cinéma : Stanley Kubrick (décédé en 1999 après la sortie de son dernier film : « Eyes Wide Shut« ).

Orange Mécanique

Orange Mécanique, le chef d'oeuvre de Stanley Kubrick

La sortie d’Orange Mécanique fut retardée dans plusieurs pays, dont la France, et provoqua d’énormes scandales dans le monde entier à cause de son caractère ultra-violent. Cette production Britannique financée par la Warner a demandé près de dix mois de tournage et un grand travail de mise en scène pour Kubrick. A l’origine, il s’agissait d’un roman d’Anthony Burgess écrit dans les années soixante, intitulé « A Clockwork Orange » (titre original du film), qui racontait l’histoire d’Alex, jeune et dangereux délinquant d’un Londres futuriste, parfait produit d’un monde ou la violence est devenue une habitude. Avec ses « drougs » (amis), il vole, pille, viole et tue de nombreuses personnes avant de se faire arrêter et de subir un traitement expérimental susceptible de le rendre inoffensif. Cet ouvrage marqua la génération de l’époque, d’autant que Burguess avait auparavant perdu sa femme tuée par de jeunes bandits.

Kubrick resta très fidèle au roman de Burgess (il a tout de même supprimé quelques scènes de passage à tabac plus une autre ou Alex était en cellule avec d’autres prisonniers, car il les jugeait inutiles pour le film), et rapporta à l’écran avec génie cette vision d’un avenir de désespoir social, en y ajoutant quelques touches personnelles, la Phantasmatique de Kubrick. En effet, il s’agit d’un film ultra-violent qui choque encore de nos jours, certains même le trouvent vicieux (les femmes sont d’emblée les grandes victimes dépouillées de ces acteurs d’un univers immoral). La musique classique se marrie avec brio au scènes violentes ou se déroulent combat entre clans ou autre. Elle renforce le côté ironique de l’histoire, met en valeur l’humour noir largement bien utilisé dans le film pour au final mettre davantage en valeur le côté dramatique. Cette même musique qui nous aide à comprendre le personnage d’Alex, qui tient pour idole Beethoven, et dont une de ses victimes ressemble étrangement.

La mise en scène, entièrement faite par Kubrick, est le clip magistral de la musique. Le travelling arrière opéré dès le début du film après un gros plan du visage cynique et réfléchi d’Alex (avec ses fameux faux cils)et débouchant sur la découverte de ses drougs tout de blanc vêtus dans un bar étrange ou sont disposés des mannequins de femmes dénudées adoptant des positions provocantes, déroûte profondément le spectateur comme si il se sentait lui-même agressé par cet univers sordide auquel il devra se familiariser. Il y a tellement d’autres remarques intéressantes à faire sur le scénario, la musique,la mise en scène… Malcolm McDowell, le héros du film, interpréta le rôle d’Alex avec génie, et aura avoué que c’était très difficile compte tenu de certaines exigences de Kubrick : improviser une chanson « I’m singing in the rain » alors qu’il est sur le point d’agresser un couple, se faire installer des objets métalliques coupants dans les yeux lors du traitement Ludovico…

Au final, un film visionnaire avec un fort caractère énonciateur critique, des scènes et une mise en scène mythiques débouchant sur une stratégie propre à Stanley Kubrick : confronter l’horreur de l’homme à l’art fait par l’homme. Il s’agit plus de politique fiction que de science fiction. Plus qu’un film, une Date.

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