Bienvenue à Gattaca, l’éternité a un prix
Je viens de le revoir en DVD… C’est amusant de voir comment Niccol arrive à faire croire à l’improbable (ne pas être reconnu par son physique). Le spectateur accepte presque de lui même tous ces hics et supposées invraisemblances. Autant de choses qui marcheront bizarrement encore dans « Truman Show« … Mais plus du tout dans « Simone« . Il faut dire qu’un film comme « Gattaca » donne plus une impression d’abstraction . Les références à un glamour années 30 dans les décors et les costumes achèvent de donner à l’ensemble un caractère vraiment intemporel. Dans « Truman » et « Gattaca » on a le sentiment de films extrêmement intimes, le dehors et la société existent finalement peu (mis à part le centre de « Gattaca« , et quelques lieux, rien d’autre n’existe vraiment ici… l’erreur de « Simone » est sans doute son ambition d’avoir voulu aussi faire exister la masse dans un contexte de farce, du coups on y croit plus). Niccol arrive à créer de nouvelles normes que l’on ne discute même pas. Son art d’introduction y est sans doute pour beaucoup.
Après le générique sublime et la présentation très simple des lieux, le miracle d’acceptation est déjà opéré: le flash back d’une vingtaine de minutes achève l’intégration. Je trouve « Gattaca » bouleversant… Il fonctionne presque comme une série de vignettes, chargées successivement en abstraction ou émotion. L’image récurrente de ces deux frères s’affrontant à la nage dans l’Océan, une route à traverser malgré le flou de la myopie, une aurore, un couple essoufflé suivie d’un des plus beaux baisers du cinéma ou encore Jude law se trainant dans l’escalier… le tout est presque bercé par une forme de musicalité, celle monotone du fonctionnement de Gattaca ou des subterfuges de Vincent… Musicalité soutenue par la B.O minimaliste de Michael Nyman qui signe là une de ses toute meilleurs partitions (j’ai les larmes qui montent facile en écoutant les différents thèmes). Derrière la froideur des images de la photo, il y a une vie sourde qui grouille.
Le lisse étouffe: c’est ce à quoi les personnages sont condamnés, contre quoi ils essayent parfois d’exister. Lorsque Andrew Niccol s’intérèsse à ce point à la norme, c’est moins un gros message idéologique qui en ressort que le rappel d’une forme très simple mais de plus en plus étouffée d’humanité. S’affranchir de la norme est avant tout une quette pour retrouver cela… Une quette toute universelle. A noter que les scènes coupées du DVD sont très intéressantes… et rendent justice à la composition sacrifiée d’Ernest Bornigne.
Revu récemment également et même avis : le film ne semble pas prendre d’âge. Peut-être parce qu’il s’est choisi volontairement un contexte retro, hors des canons technologiques de l’époque. De la SF à l’ancienne en quelque sorte mais qui prouve sur la durée la solidité de son propos.
Dommage que je n’ai pas le dvd rien que pour voir ce qui a été sacrifié avec Bornigne (acteur que j’adorais)
Dans ce film, certains savent et laisseront faire ce qui apporte à mon sens, une vraie dimension éthique de l’humanisme