Mais ou est donc passé le coeur des hommes ?
Vous trouviez le Claude Sautet de « Vincent, François, Paul et les autres » un peu misogyne par endroits ? Vous reprochiez à Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui d’être un brin expéditifs dans leur observation du quotidien du commun des mortels ? Attendez donc d’avoir vu « Le cœur des hommes » de Marc Esposito.

Marc Lavoine, Gérard Darmon, Jean-Pierre Darroussin, Bernard Campan
Ancien rédacteur de Première puis Studio, le bonhomme s’était fait remarquer par ses convictions cinématographiques toutes personnelles et ses articles ou chroniques disons « sanguines ». On y apprenait entre autres que « Pretty Woman » était une merveille (!), que Carax était un salaud d’enlaidir Binoche dans « Les amants du Pont-Neuf » (!!), que Tarkovski était un obscur tâcheron intello (!!!), ou qu' »Hélène et les garçons » c’était du Rohmer (!!!!). Et bien, son film à lui c’est tout ça réuni sous couvert de nous refaire le coup des « Copains d’abord » : personnages masculins sans distance, réalisation désastreuse, musique nulle. On se croirait dans un téléfilm des années 70.
Passe encore que ces « hommes » (desquels on a vite fait de faire le tour du « cœur ») soient d’immatures machos « durs-dehors-mais-si-tendres-dedans » dont les centres d’intérêt se limitent au Loto Sportif et au récit de leurs « aventures » (encore que…). Plus dur en revanche de faire l’impasse sur une vision des femmes qui ne leur laisse pas de chance d’être autre chose que des… mamans (!), sur un usage répété des « tarlouzes » ou autres « tantouzes » sûrement destiné à confirmer une virilité gentiment populaire dont le film ne cesse par ailleurs de faire l’éloge, ou sur des dialogues qui jouent à fond la carte de l’air du temps, parfois avec justesse, le plus souvent avec un manque d’inspiration qui laisse pantois. On est beaucoup plus proche de Laurent Ruquier que de Sautet, Bacri et Jaoui, sans parler de Dino Risi.
Pas étonnant finalement : si « Hélène et les garçons » c’est du Rohmer, alors aucune raison pour que « Le cœur des hommes » ne soit pas « Nous nous sommes tant aimés » !
Tout cela n’a, hélas, pas grand chose à voir avec du cinéma.
Honnetement, c’est effectivement plus un telefilm qu’autre chose, ca se laisse regarder mais je n’irais pas payer pour aller voir ca.