Eléphant, ça trompe énormément …
Au risque de déplaire à la majorité, je résume ce film par deux mots: ennui et bêtise.
Ennui car les plans qui suivent les élèves du lycée avant la tuerie, dans les couloirs, les isolent certes, mais ils isolent également le spectateur d’un quelconque intérêt. Et pourtant le sujet était fort intéressant, la violence aux États Unis en particulier chez les jeunes, Moore l’avait déja traité sous la forme d’un documentaire avec l’excellent Bowling For Columbine, il a fallu que Gus Van Sant s’en mêle. A mi chemin entre fiction et réalité, film et émission de télé réalité, Gus Van Sant fait naître en nous un choix crucial: devons nous nous endormir devant son film ou quitter la salle avant la fin. Le scénario n’offre aucun rebondissement tant la scène de la tuerie est trop attendue. Les acteurs sont inexistants, ils jouent leur rôle, ils toucheront donc leur salaire mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’il réussissent à élever le niveau du film, dont il vaut mieux rire.

Eléphant, un film de Gus Van Sant
Bêtise car Gus Van Sant n’a pas compris le problème. En stéréotypant ses personnages (le photographe prend des photos tout au long du film, les punks veulent être pris nus, la rejetée est rejetée par tout le monde) il n’apporte aucune solution puisqu’il n’énonce pas les causes. Il se contente de concentrer en 2 personnages tous les maux de la Terre (comme un bon américain puritain): les tueurs écoutent et jouent de la musique classique allemande, ils jouent aux jeux vidéos, sont nazis et homosexuels. Même le regard de Gus Van Sant envers les élèves est teinté de reproches (cf la bétise du couple qui s’apprête à sortir et entendant les coups de feu rentre et se réfugie dans la chambre froide alors qu’ils peuvent s’échapper par toutes les fenêtres cassées). On arrive au comble de l’ineptie avec la scene finale : les méchants vont se faire tuer par la gentille police alors le ciel devient bleu. Il faudrait peut être informer Gus Van Sant que de traiter de la violence dans un film c’est une tâche ardue et il ne sert à rien de s’y atteler si on n’apporte même pas une piste de solution.
Qu’il continue de faire des films hollywoodiens, au moins ça, c’est facile.
Si Elephant était un roman, il serait à coup sûr polyphonique. Ce qui fait justement sa force et son originalité. Raconter les événements terribles survenus au petit lycée de Columbine en 1999 pendant tout le film aurait été une erreur. Mais moi, ce que j’en dit 🙂
Comment a-t-on pu décerner la plus haute distinction du cinéma mondial à un film aussi ennuyeux et mal tourné ? Tout ici est d’une lourdeur pachydermique :la mise en scène n’a aucune inventivité, les interprètes se contentent de faire leur travail, l’ambiance du film est d’une platitude désarmanteD’un tel fait-divers et de la part de Gus Van Sant, on était en droit d’attendre une oeuvre d’un autre souffle. Une très grande déception, je ne comprends vraiment pas ce qu’on a pu trouver de remarquable à ce film.
Sans doute faut-il aimer la poésie des plans-séquences pour apprécier « Elephant » à sa juste mesure. Personnellement, je les adore. En particulier ceux-là. Cinéaste du temps suspendu avant la mort (cf son dernier « restless »), Van Sant n’a évidemment pas l’intention d’autopsier le drame de Columbine (Moore l’a fait déjà avec ses gros sabots partisans). Si mes souvenirs sont bons, les lieux ne sont même pas mentionnés et les personnages sont tout à fait fictifs. Je le vois davantage comme un teen movie en apesanteur qui tourne mal.