La Ligne Rouge : Mallick explore les profondeurs de l’âme humaine

by Toilissime on novembre 30, 2011
La Ligne Rouge, un film de Terrence Mallick

La Ligne Rouge, un film de Terrence Malick

Nous sommes en 1942, en pleine guerre du Pacifique. Mais au fond, il pourrait s’agir de n’importe quelle autre guerre. Ici, les conflits idéologiques, le choc des civilisations s’effacent derrière les déchirements de l’Homme même, symbolisés par cette fameuse ligne rouge, si ténue, qui sépare l’homme sain d’esprit du fou. Le fil conducteur du film est moins un personnage en particulier que cette voix off, omniprésente, surgi de nulle part, qui ne cesse s’interroger sans jamais trouver de réponse. Une voix off si étrange, semblant émaner de tous les soldats à la fois, fédératrice : « Peut-être que tous les hommes font partie d’une seule âme, énorme. Reflétant le même homme. Un tout gigantesque. Chacun, tel un morceau de charbon retiré du feu. » L’éclat du casting n’a pas pour but d’attirer des foules, mais de prêter les visages connus de Ben Chaplin, Sean Penn, George Clooney, John Cusack et bien d’autres à des personnages très peu définis, dont la réalité individuelle compte moins que leur participation à cette gigantesque chorale humaine qu’organise Terrence Mallick.

S’ouvrant sur une séquence paradisiaque dans les îles préservées de la guerre, le film n’aura de cesse de rechercher l’Eden perdu. On aurait tort de réduire La Ligne rouge à une simpliste opposition entre une nature idéalisée et une civilisation destructrice. Ici, la nature est aussi somptueuse que cruelle : ses grandes plaines d’herbe verdoyante deviennent le tombeau des hommes ; loin de les protéger, elles semblent les engloutir. «Notre ruine profite-t-elle à la terre ? Aide-t-elle l’herbe à pousser ou le soleil à briller ? » D’où cette grande angoisse véhiculée par le film: et si cette béatitude initiale n’était qu’un leurre ? Non pas l’opposé de la guerre, de la souffrance, de la mort, mais son envers ?

MALLICK ne cherche pas à dresser un énième réquisitoire contre l’horreur de la guerre. Elle n’est que le spectacle ultime du désarroi de l’Homme. Désarroi qui plane sur tout le film : la fin est-elle un apaisement suprême ou un échec ironique ? Peut-être le lyrisme qui traverse tout le film fait-il pour la première hypothèse. A chaque séquence, à chaque seconde presque, éclate le spectacle d’une beauté à portée de main. Malgré la mort, la souffrance, la quête d’absolu humaine est toujours là. « Oh mon âme, laisse-moi pénétrer en toi. Regarde à travers mes yeux. Regarde les que tu as créées. Toutes resplendissantes.» Et devant ce film de guerre, l’on songe tout à coup aux sublimes vers d’Apollinaire :

« Il y a le chant de l’amour de jadis […]/ Le tonnerre des artilleries où la forme obscène des canons accomplit le terrible amour des  peuples[…]/ Il y a le chant de tout l’amour du monde».

2 Responses to “La Ligne Rouge : Mallick explore les profondeurs de l’âme humaine”

  • Mandrake says:

    Si on arrive a oublier la pseudo-phylosophie boudho-bizaro-chretienne que nous déblatère la voix tout le long du film, c’est un superbe film, avec une ambiance très prenante, des scènes de guerre magnifiques et une bande son époustouflante.

  • cinérama says:

    la ligne rouge est un film grandiose, c’est tout simple le plus beau film de guerre existant (et dieu sait si la guerre est moche). Ce film m’a complètement bouleversé.La mise en scène est superbe et Malick est grand.superbe